沪江

法语翻译经典品读:《L'étranger局外人》第二篇第二章(一)

阿哟(整理) 2012-11-03 11:00

Il y a des choses dont je n'ai jamais aimé parler. Quand je suis entré en prison, j'ai compris au bout de quelques jours que je n'aimerais pas parler de cette partie de ma vie.
有些事情我是从来也不喜欢谈的。自从我进了监狱,没过几天我就知道,我将来是不喜欢谈论我这一段生活的。

Plus tard, je n'ai plus trouvé d'importance à ces répugnances. En réalité, je n'étais pas réellement en prison les premiers jours : j'attendais vaguement quelque événement nouveau. C'est seulement après la première et la seule visite de Marie que tout a commencé. Du jour où j'ai reçu sa lettre (elle me disait qu'on ne lui [104] permettait plus de venir parce qu'elle n'était pas ma femme), de ce jour-là, j'ai senti que j'étais chez moi dans ma cellule et que ma vie s'y arrêtait. Le jour de mon arrestation, on m'a d'abord enfermé dans une chambre où il y avait déjà plusieurs détenus, la plupart des Arabes. Ils ont ri en me voyant. Puis ils m'ont demandé ce que j'avais fait. J'ai dit que j'avais tué un Arabe et ils sont restés silencieux. Mais un moment après, le soir est tombé. Ils m'ont expliqué comment il fallait arranger la natte où je devais coucher. En roulant une des extrémités, on pouvait en faire un traversin. Toute la nuit, des punaises ont couru sur mon visage. Quelques jours après, on m'a isolé dans une cellule où je couchais sur un bat-flanc de bois. J'avais un baquet d'aisances et une cuvette de fer. La prison était tout en haut de la ville et, par une petite fenêtre, je pouvais voir la mer. C'est un jour que j'étais agrippé aux barreaux, mon visage tendu vers la lumière, qu'un gardien est entré et m'a dit que j'avais une visite. J'ai pensé que c'était Marie. C'était bien elle.
不过,后来我也没发现反感有什么必要。实际上,头几天我并不是真的在坐牢,我在模模糊糊地等着什么新情况。直到第一次,也是唯一的一次,玛丽来看我之后,一切才开始。从我收到她的信那一天起(她说人家不允许她再来了,因为她不是我的妻子),就是从那一天起,我才感到我住的地方是牢房,我的生活到此为止了。我被捕的那一天,他们先把我关在一间已经有好几个囚犯的牢房里,其中大部分是阿拉伯人。他们看见我都笑了。然后他们问我犯了什么事儿。我说我杀了一个阿拉伯人,他们就都不说话了。但过了一会儿,天就黑了。他们告诉我怎样铺睡觉的席子。把一头卷起来,就可以做成一个长枕头。整整的一夜,臭虫在我脸上爬。几天之后,我被关进一个单间,睡在一块木板上。我还有一个便桶和一个铁盆儿。监狱建在本城的高地上,透过一个小窗口,我可以看见大海。有一天,我正抓着铁栏杆,脸朝着有亮的地方,一个看守进来,说有人来看我。我想这是玛丽。果然是她。

J'ai suivi pour aller au parloir un long corridor, puis un escalier et pour finir un et pour finir un [105] autre couloir. Je suis entré dans une très grande salle éclairée par une vaste baie. La salle était séparée en trois parties par deux grandes grilles qui la coupaient dans sa longueur. Entre les deux grilles se trouvait un espace de huit à dix mètres qui séparait les visiteurs des prisonniers. J'ai aperçu Marie en face de moi avec sa robe à raies et son visage bruni. De mon côté, il y avait une dizaine de détenus, des Arabes pour la plupart. Marie était entourée de Mauresques et se trouvait entre deux visiteuses : une petite vieille aux lèvres serrées, habillée de noir, et une grosse femme en cheveux qui parlait très fort avec beaucoup de gestes. À cause de la distance entre les grilles, les visiteurs et les prisonniers étaient obligés de parler très haut. Quand je suis entré, le bruit des voix qui rebondissaient contre les grands murs nus de la salle, la lumière crue qui coulait du ciel sur les vitres et rejaillissait dans la salle, me causèrent une sorte d'étourdissement. Ma cellule était plus calme et plus sombre. Il m'a fallu quelques secondes pour m'adapter. Pourtant, j'ai fini par voir chaque visage avec netteté, détaché dans le plein jour. J'ai observé qu'un gardien se tenait assis à [106] l'extrémité du couloir entre les deux grilles. La plupart des prisonniers arabes ainsi que leurs familles s'étaient accroupis en vis-à-vis. Ceux-là ne criaient pas. Malgré le tumulte, ils parvenaient à s'entendre en parlant très bas. Leur murmure sourd, parti de plus bas, formait comme une basse continue aux conversations qui s'entrecroisaient au-dessus de leurs têtes. Tout cela, je l'ai remarqué très vite en m'avançant vers Marie. Déjà collée contre la grille, elle me souriait de toutes ses forces. Je l'ai trouvée très belle, mais je n'ai pas su le lui dire.
要到接待室去,得穿过一条长走廊,上一段台阶,最后再穿过一条走廊。我走进去,那是一个明亮的大厅,光线是从一个大窗户里射进来的。两道大铁栅横着把大厅分成三部分。两道铁栅之间相距约八到十米,把探望的人和囚犯隔开。我看见玛丽在我面前,她穿着带条子的连衣裙,脸晒得黑黑的。跟我站在一起的有十几个囚犯,大部分是阿拉伯人。玛丽周围都是摩尔人,身旁的两个,一个是身材矮小的老太太,紧闭着嘴唇,穿着黑衣服,另一个是没戴帽子的胖女人,说话指手划脚,声音很高。由于铁栅间的距离,探望的人和囚犯都不得不高声叫嚷。我进去之后,吵吵嚷嚷的声音传到光秃秃的大墙上又折回来,明亮的阳光从天上泻到玻璃上射进大厅,使我感到头昏眼花。我的牢房又静又暗。我得有好几秒钟才能适应。但是,我最后还是看清了呈现在光亮中的每一张面孔。我注意到一个看守坐在铁栅间通道的尽头。大部分阿拉伯囚犯和他们的家人都面对面地蹲着。他们不大叫大嚷。尽管大厅里乱糟糟的,他们低声说话彼此例还听得见。他们沉闷的低语声从下面升上来,在他们头上来往穿行的谈话声中,好像是一个持续不断的低音部。这一切,我都是在朝着玛丽走去时注意到的。她已经紧紧地贴在铁栏杆上,竭力朝着我笑。我觉得她很美,但我不知道怎样和她说这件事。

« Alors ? » m'a-t-elle dit très haut.
« Alors, voilà. - Tu es bien, tu as tout ce que tu veux ? - Oui, tout. »
“怎么样?”她大声问道。
“就是这样。”
“身体好吗?需要的东西都有吗?”
“好,都有。”

Nous nous sommes tus et Marie souriait toujours. La grosse femme hurlait vers mon voisin, son mari sans doute, un grand type blond au regard franc. C'était la suite d'une conversation déjà commencée.
我们都不说话了,玛丽一直在微笑。那个胖女人对着我身边的一个人大叫,那人无疑是她的丈夫,个子很高,金黄头发,目光坦率。我听到的是一段已经开始的谈话的下文。

« Jeanne n'a pas voulu le prendre » criait-elle à tue-tête.
« Oui, oui », disait l'homme. « Je lui ai dit que tu le reprendrais en sortant, mais elle n'a pas voulu le prendre. »
“让娜不愿意要他,”她扯着嗓子大叫。
“哦,哦,”那男人说。
“我跟她说你出来后会再雇他的,她还是不愿意。”

Marie a crié de son côté que Raymond me donnait le bonjour et j'ai dit : « Merci. » Mais ma voix a été couverte par mon voisin [107] qui a demandé « s'il allait bien ». Sa femme a ri en disant « qu'il ne s'était jamais mieux porté ». Mon voisin de gauche, un petit jeune homme aux mains fines, ne disait rien. J'ai remarqué qu'il était en face de la petite vieille et que tous les deux se regardaient avec intensité. Mais je n'ai pas eu le temps de les observer plus longtemps parce que Marie m'a crié qu'il fallait espérer. J'ai dit : « Oui. » En même temps, je la regardais et j'avais envie de serrer son épaule par-dessus sa robe. J'avais envie de ce tissu fin et je ne savais pas très bien ce qu'il fallait espérer en dehors de lui. Mais c'était bien sans doute ce que Marie voulait dire parce qu'elle souriait toujours. Je ne voyais plus que l'éclat de ses dents et les petits plis de ses yeux. Elle a crié de nouveau : « Tu sortiras et on se mariera ! » J'ai répondu : « Tu crois ? » mais c'était surtout pour dire quelque chose. Elle a dit alors ces vite et toujours très haut que oui, que je serais acquitté et qu'on prendrait encore des bains. Mais l'autre femme hurlait de son côté et disait qu'elle avait laissé un panier au greffe. Elle énumérait tout ce qu'elle y avait mis. Il fallait vérifier, car tout cela coûtait cher. Mon autre voisin et sa mère se regardaient [108] toujours. Le murmure des Arabes continuait au-dessous de nous. Dehors la lumière a semblé se gonfler contre la baie.
玛丽也对我大声说莱蒙问我好,我说:“谢谢。”但我的声音被我旁边那人给盖住了,他正问“他可好”。他老婆笑着回答道:“他的身体从来没有这样好过。”我左面是个矮小的年轻人,手很纤细。他什么也不说。我注意到他对面是那位小老太太,两个人紧紧地相互望着。不过我没有时间再观察他们了,因为玛丽对我喊道不要失望。我说:“对。”同时,我望着她,我真想隔着裙子搂住她的肩膀,我真想摸摸这细腻的布料,我不太清楚除此之外还应该盼望什么。但是这肯定就是玛丽刚才的意思,因为她一直在微笑。我只看到她发亮的牙齿和眼角上细细的皱纹。她又喊道:“你会出来的,出来就结婚广我回答道:“你相信吗?”但主要是为了找点话说罢了。她于是很快地大声说她相信,我将被释放,我们还去游泳。但那个女人又吼起来,说她在书记室留了个篮子。她一样一样讲她放在里面的东西,要查对一下,因为这些东西很贵。我另一边的邻居和他母亲一直互相望着。地上蹲着的阿拉伯人在继续低声交谈。外面的光线好像越来越强,直射在窗户上。

文章内容来自网络,如果本文侵犯了您的权益,请联系我们,我们将撤掉此文,并送出我们真诚的歉意。

展开剩余